dialogue sl'r le mepris de l'image, ecc.
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entendement de ture s'y perd en ses turqueries, moi j'y vois tellement clair que je suis snr le point de vous confondre. Votre idée generale du bélier est formée d'une quantità d'apparences de béliers. En premier lieu cette idée n'a d'autre róalité que celle que vòus lui donnez en l'énongant. Elle n'a d'autre realité que par la petite place qu'elle occupe dans votre tète. Ensuite, qu'ont à faire ces glottements, sifflements, claquements des lèvres, nasillements du nez, differents en votre langue et la mienne en ce que nous parlons naturellement, et vous faites maintes grimaces terribles, avec cette idée géné-rale du Bélier dont vous faites une réalité.
Le Maure. — Il est vrai que ce ne sont que des symboles,
Le Moyne. — Je suis bien aise de vous en voir convenir si facilement. Mais qu'ont a faire les signes tracés par le roseau trempé dans l'éncre, l'or ou le bleu avec les mots et les phrases du langage ?
Le Maure. — Ce sont encore de symboles.
Le Moyne. — Et maintenant ne soyez point surpris si j'attaque la réalité de vos perceptions. Quoi, vous croyez avoir vu votre Bélier quand vos regards ne sont posés que sur un coté à la fois ou sur tous successive-ment sans que vous n'en eussiez pu connaitre l'or-ganisme en marche, la cervelle, les poils et les sa-bots, en un sens unique de perception intuitive, comme font les anges et quelques saints lesquels, doues d'une faculté appelée angélique, n'ayant cure de la vue, de l'ouie, non plus que du toucher, qui sont choses humaines, suspendent leur attention sur le Bélier et en ont une comprèhension complete ? Et voilà qu'avec vos géné-ralités et vos catégories deux fois masquées sous les symboles graphiques et phonètiques, vous prétendez qu'une chose (votre Belier, par exemple) est plus noble reflétée par l'esprit, figurée par la parole et couchée pas une belle main sur des tables ou des feuilles, que peinte en vignette sur un livre, ou sculptée en bonne