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   leonardo
   pierre sur un bénitier, une chaire, un autel ou quelqu'au-tre meuble d'église?
   Le Maure. — Je suis ici frappé mais nullement confondu considerez, seigneur moyne, qu' en disant que mes lettres sont un moyen imparfait de représentation, vous vous détruisez vous-mème de votre argumentation.
   Le Moyne. — Ah nullement : seigneur maure, je vous ai parie d'anges et d'une élite de bienheureux. Mais les hommes ne sont point anges ; et la plupart d'entre eux comme moi sont pécheurs et attachées par les besoins de la nature a leurs corps. C'est pourquoi Dieu ayant permis - et la tradition de nos livres en fait foi - que nous l'adorions comme hommes, nous lui prétons les formes qui s'adaptent à nos sens, toutefois en choisis-sant ce qu' il y a de plus beau et de plus exquis dans l'art de dépeindre par des couleurs ses miracles, son enseignement, et les exemples de saints ; Voilà bien pourquoi nous avons et vénérons des statues des tables peintes en toutes matiéres, autant en bois, en pierre qu'en cristal lesquels objets servent à concentrer les fidèles pour les inciter aux dévotions et aux pieuses pratiques.
   Et croyez-vous que lorsque vous brùlez de l'encens et de la mirrhe et que la fumee s'élève en l'air, que le ciel, paradis ou habitacle quelconque de la divi-nité soit situé en l'air pour cela ; que Dieu ait un nez pour la sentir et des oreilles humaines pour entendre les concerts magnifiques d' instruments et de voix que • vous lui offrez ; un oeil pour voir vos prosternations et vos danses sacrées?
   Le Maure. — Vous ne me supposez point un enten-dement aussi grossi er.
   Le Moyne. — Ne dites point « aussi grossier » mais bien « aussi près des réalités » car vous, en tant que philosophe, ne vivez autrement que de ce mode « grossier » recouvert il est vrai du voile de l'abstraction mètaphisyque. Un entendement « élévé » serait celui qui au lieu de rapetisser le monde en le réduisant à des